Qu’est-ce que le SMIC ?
Sous l’acronyme de SMIC, sous lequel il est connu et largement utilisé, on trouve le Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance. Comme cela le laisse supposer, cette valeur indique le salaire minimum qu’un employeur doit verser à ses salariés. Cela peut être plus, mais pas moins (même s’il peut exister des exceptions, comme nous allons le voir plus loin).
La création de cette valeur avait surtout pour objectif de protéger les salariés en leur donnant ; en échange de leur travail ; un pouvoir d’achat de base. L’instauration du SMIC a pour objet ; notamment en protégeant les personnes ayant des compétences moindres dans le domaine du travail vis-à-vis d’autres ; de lutter contre la précarité et l’exclusion économique ; ce qui aurait des conséquences dans tous les domaines de la vie (logement, santé…).
Avec ce salaire minimal, la société entend offrir des conditions de vie décentes, afin notamment de pouvoir supporter le coût de la vie et parfois l’inflation. Le SMIC est donc à considérer comme un élément visant à favoriser l’insertion, le dialogue social et constitue une stratégie d’investissement pour les entreprises.
Comment est né le SMIC en France ?
Le SMIG ; pour Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti ; est créé lors de la reconstruction post-guerre, en 1950. A l’époque, ce que l’on appelait les classes laborieuses étaient confrontées à des inégalités de revenus vis-à-vis d’autres personnes, et cela était une préoccupation importante au regard des prix pratiqués alors et du coût de la vie en général.
Alors que ce n’était pas le cas auparavant, les patrons ont donc été, à partir de cette date et de l’instauration de cette loi, tenus de payer à minima une somme donnée pour le travail fourni par leurs employés ; ce qui a constitué une véritable révolution dans le monde du travail et sociale en général.
On se rend compte en 1970 que le SMIG ne doit pas seulement répondre à l’inflation mais doit avoir un lien avec la croissance économique. Si l’économie nationale croit ; grâce au travail des salariés ; il est jugé normal qu’ils en tirent bénéfice. Le SMIG devient alors le SMIC et reflète donc la prospérité économique d’une nation. Parce que les besoins en termes de pouvoir d’achat vis-à-vis de l’inflation peuvent évoluer, des ajustements automatiques ont été mis en place.
C’est la raison pour laquelle le montant du SMIC évolue généralement une fois par an ; quelquefois plus que ce qu’il ne le devrait. Cela relève de la volonté des gouvernements en place pour soutenir les personnes touchant un salaire bas. Alors que le SMIC et son augmentation régulière font peur aux entreprises qui doivent payer des charges sociales pour chaque salarié, des politiques d’allégement sur les bas salaires ont été mises en place afin qu’elles puissent recruter des personnes peu qualifiées, par exemple et qui de ce fait, ne peuvent parfois pas prétendre à plus que ce minimum.
Entre compétitivité des entreprises qui doit rester intacte voire même doit évoluer positivement et volonté de soutenir les revenus des travailleurs, le SMIC peut donc être vu comme une espèce de baromètre économique et social.
Combien de français sont concernés par le SMIC ?
Le nombre bien entendu évolue sans cesse, puisqu’il peut concerner chaque année de nouvelles personnes : jeunes qui sortent de formation, ayant terminé leurs études, personnes qui retrouvent du travail après une période de chômage etc…Sans oublier celles qui peuvent évoluer au niveau professionnel et donc, toucher davantage. En janvier 2023, 3,1 millions de français travaillant dans le secteur privé ; soit 17,3% des salariés de ce secteur, touchaient le SMIC.
Comment expliquer ce chiffre important ? Tout simplement parce que la revalorisation depuis 4 décennies a contribué à réduire les écarts de rémunération et que beaucoup plus de salariés touchent ce salaire que l’on qualifie toujours de minimum. La croissance du taux du SMIC a été plus importante que celle du salaire moyen. On parle alors de smicardisation. Ce néologisme fait référence à cette augmentation qui interroge et inquiète.
En effet, quid de la compétitivité française, de la négociation collective ou encore de la structure des salaires ? Réformer le mode de revalorisation du SMIC pourrait permettre de répondre à ces différentes questions et cela est régulièrement remis au goût du jour par les acteurs en place. Le but étant de diminuer la pauvreté laborieuse mais aussi de mettre en place une nouvelle dynamique salariale.
Est-ce que le montant du SMIC évolue chaque année ?
Comme dit, le montant du SMIC évolue d’année en année. Déterminer le montant de sa revalorisation n’a rien de simple puisqu’il faut prendre en considération de nombreux éléments relatifs à l’inflation, l’évolution des salaires pour les publics visés (généralement les ouvriers et les employés), mais aussi la volonté d’une intervention de l’Etat en place, pour aider cette frange de la population au regard de la situation économique du moment.
Ainsi, en se basant à la fois sur l’inflation et l’indice des salaires, la décision est prise d’augmenter chaque année le SMIC d’un pourcentage donné. Pour cela, on prend les 20% de ménages qui ont les revenus les plus faibles vis-à-vis du niveau de l’inflation, mais aussi la croissance salariale générale, afin de pouvoir partager les fruits de la croissance économique. Ce calcul permet de procéder à la revalorisation du montant du SMIC, chaque année.
Pour y arriver, le gouvernement faire appel à aux syndicats et aux organisations patronales (partenaires sociaux) pour arriver à trouver une hausse qui permet d’atteindre ces objectifs. Mais il peut décider de faire plus ; et donc de ne pas se fier uniquement au calcul mathématique ; s’il se rend compte que le SMIC ne permet pas aux salariés de vivre décemment.
Pourquoi la revalorisation du SMIC est-elle importante ?
Le montant du salaire horaire ou mensuel augmente d’année en année. Par exemple, par rapport à l’année 2023, il a augmenté de 1,81% en 2024. On évoque la possibilité de le revaloriser une deuxième fois cet été (hausse de 2%). Le SMIC net chaque mois pourrait alors être de 1 400 euros. Pourquoi ce pourcentage ; que l’on peut trouver bien faible a pourtant une véritable importance ?
En premier lieu, attardons-nous sur ce que cela implique pour les travailleurs. Il est évident que vis-à-vis d’une inflation qui peut être ; selon les périodes ; particulièrement galopante ; la revalorisation du montant du SMIC est une réponse forte pour que les travailleurs ne voient trop leur revenus érodés. Pouvant utiliser leur argent, ils vont participer ; de la même manière que les autres, à la prospérité économique à laquelle ils ont contribué, par leur travail au sein des différentes entreprises.
Au niveau de l’économie ; le fait d’augmenter le pouvoir d’achat des consommateurs peut avoir un effet stimulant sur la demande globale. Cependant, il ne faut pas sous-estimer les deux revers possibles de la médaille à savoir une compétitivité amoindrie des entreprises ou encore le fait que cette demande accrue ait une incidence sur l’inflation et que cette dernière passe à la hausse. Qu’en est-il pour les entreprises et donc les patrons et employeurs qui sont en première ligne puisque ce sont eux qui versent les salaires et doivent tenir compte du montant du SMIC ?
SMIC : quelle incidence pour les employeurs ?
Le SMIC et sa revalorisation peuvent avoir plusieurs conséquences sur le monde entrepreneurial. Cela peut avoir des répercussions sur la masse salariale d’une structure et un chef d’entreprise confronté à la hausse du SMIC peut prendre des décisions négatives ; alors qu’il peut avoir besoin par ailleurs d’embaucher.
En effet, si les salariés ; et cela est normal ; s’inquiètent de ce qui va tomber dans leur escarcelle pour le travail qu’ils ont pu fournir, il ne faut pas oublier que les employeurs ne se contentent pas de leur verser le montant du SMIC. Ils doivent également inclure des cotisations salariales et patronales pour chaque salarié employé. Ces charges financent comme nous allons le voir divers aspects de la protection sociale et sont prélevées sur le salaire brut du travailleur ou sont à la charge de l’employeur.
Concernant le salarié : les cotisations de sécurité sociale, celles pour la retraite ou encore l’assurance chômage sont prélevées sur le salaire brut, pour obtenir au final le salaire net. Pour avoir une estimation de son salaire net, quand on connait son salaire brut, il faut donc en enlever entre 20 à 23 %. On peut trouver les charges pour un salarié très élevées, mais celles des employeurs représentent jusqu’à 42% du salaire brut.
Elles concernent les allocations familiales, les assurances sociales, les cotisations de retraite complémentaire, celles de l’assurance chômage ou encore les accidents de travail. Il est facile de comprendre que la somme à débourser pour chaque salarié peut faire hésiter un patron qui a besoin d’embaucher. C’est notamment pour cela que le gouvernement pratique des allégements de charge pour les bas salaires.
Peut-on être payer moins que le SMIC ?
On pourrait croire que tout le monde peut donc, à minima, toucher le SMIC. Ce n’est pourtant pas toujours vrai et il existe des situations où il est possible d’obtenir moins, en échange de prestations salariées. Cependant, ce sont des circonstances particulières qui font l’objet d’un encadrement strict au niveau législatif.
Combiner expérience théorique et pratique, c’est la définition même de l’apprentissage. Ayant un pied dans l’entreprise, mais seulement pour une partie du temps, les apprentis ne peuvent pas prétendre à un SMIC complet. Comment est déterminée la somme qu’ils vont pouvoir percevoir pendant cette période de formation à un métier ? Cela est corrélé à leur âge et au stade où ils se trouvent de leur formation. On considère que la formation théorique constitue une part de cette rétribution et qu’à ce titre, ils ne peuvent percevoir qu’un pourcentage du SMIC.
Comment acquérir une expérience professionnelle ou simplement savoir si un métier est fait pour nous ? Le stage permet de répondre à ces deux questions. Généralement ; comme pour les apprentis ; le stage a lieu pendant un cursus d’études. Selon la durée de ce stage, il peut être gratifié ou non ; c’est-à-dire rémunéré ou pas. Là encore le stagiaire ne peut pas toucher l’intégralité du SMIC s’il fait un stage long. Le montant perçu est déterminé à la fois par des bases forfaitaires ; sachant que l’employeur ne doit pas payer les mêmes charges que pour un salaire classique.
Favoriser l’insertion des personnes qui sont éloignées de l’emploi ou de celles en situation de handicap est un acte social important et pour convaincre les employeurs, il a été décidé de mettre en place certains dispositifs afin qu’ils puissent payer moins cher. Ce type de travailleurs ne touchera donc pas la totalité du SMIC non plus.
Quel est le montant du SMIC 2024 en France ?
Le SMIC, comme nous l’avons vu, peut faire l’objet de revalorisation. A ce titre, combien est-on payé en 2024 en France si l’on touche le SMIC ?
- SMIC horaire brut et net : le SMIC horaire brut est de 11,65 €, ce qui représente un SMIC horaire net de 9,22 €. Dans le secteur hôtelier, il est un peu plus élevé (calculé sur la base de 39 heures par semaine), avec un brut mensuel de 2 183,59 €
- SMIC mensuel brut et net : le SMIC mensuel brut est de 1 766,92 €, ce qui fait un salaire net mensuel au SMIC de 1 398,69 €
Évolution du SMIC mensuel en France entre 2014 et 2024
Date | SMIC mensuel brut | SMIC mensuel net |
---|---|---|
Janvier 2024 | 1 766 € | 1 353 € |
Mai 2023 | 1 747 € | 1 383 € |
Janvier 2023 | 1 709 € | 1 353 € |
Août 2022 | 1 678 € | 1 329 € |
Mai 2022 | 1 645 € | 1 302 € |
Janvier 2022 | 1 603 € | 1 269 € |
Octobre 2021 | 1 589 € | 1 258 € |
Janvier 2021 | 1 554 € | 1 231 € |
Janvier 2020 | 1 539 € | 1 219 € |
Janvier 2019 | 1 521 € | 1 204 € |
Janvier 2018 | 1 498 € | 1 173 € |
Janvier 2017 | 1 480 € | 1 153€ |
Janvier 2016 | 1 466 € | 1 143 € |
Janvier 2015 | 1 457 € | 1 135 € |
Janvier 2014 | 1 445 € | 1 128 € |